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CAMEROUN – ECONOMIE : LE CONSOMMATEUR EST EN PERIL

Dans la nuit du 22 au 23 juillet, le maréchal-des-logis Armel Liem Pime et un de ses collègues sont tabassés par des employés de l’agence de voyages Finexs à Douala. Prêts pour le voyage, ils utilisent des toilettes payantes de la boite, mais disposant d’un billet de banque pour payer 100Frs, mal leur en prend, car les employés responsables des WC ne leur laisse pas la possibilité d’aller faire la petite monnaie. Drame économique au Cameroun : un échange houleux suivi d’une violente bagarre entre les deux partis va entrainer la mort de l’infortuné gendarme Armel Liem qui revenait d’une mission dans le Sud-ouest.

Maréchal-des-logis Armel Liem Pime

Cette mort tragique pour 100Frs est un événement triste, mais révèle une fois de plus l’état d’esprit qui prévaut au sein d’une population camerounaise à la dérive. La vie économique et principalement la recherche du profit poussent plusieurs acteurs de ce secteur à maximiser les sources de revenus, aussi dérisoires et avilissantes soient-elles. L’offre et la demande s’affrontent régulièrement, car les consommateurs se sentent abusés et non protégés à bien des égards.

Une pratique déjà encrée

Devoir régler une facture de 100Frs pour l’usage des toilettes d’une agence de voyages alors qu’on dispose d’un billet de voyage payé à hauteur de 3.000Frs ou 4.000Frs est une situation insolite. Mais elle n’est pas différente de ce qui règne dans d’autre sphères.

En effet, depuis plusieurs années au Cameroun, quelle que soit la somme dépensée par exemple dans un supermarché, l’emballage n’est plus offert gratuitement. Nous ne nommerons pas les boutiques en question, mais oser revendiquer un emballage gratuit dans leurs caisses pour le motif d’avoir pris des produits pour 100.000Frs ou 200.000Frs est devenu un acte « anormal ». Il faut obligatoirement céder 50Frs ou 100Frs pour que les articles achetés soient emballés dans un sac plastique qui, de surcroît, est recouvert d’effigies et de slogans publicitaires de l’entreprise.

L’insécurité des consommateurs au Cameroun et le non-respect de leur dignité fragilise progressivement les rapports de confiance dans la chaîne de l’économie de ce pays. La quête exagérée des gains réduit l’être humain au rang de très simple moyen sur le dos duquel on monte de tout son poids pour prospérer. Les mentalités (de tous les acteurs) doivent évoluer vers la protection de l’intérêt général, sinon il deviendra acceptable que le client, qui était jadis roi, soit transformé définitivement en fou de la cour.

Justice sera certainement faite, mais pour combien de futurs Armel Liem tués ici ou là l’opinion publique camerounaise devra-t-elle encore gémir ?